(Association la Foret Nourricière )
La Production Vivrière
Celle-ci consiste à produire nos propres
aliments (végétaux, fruits animaux, œufs, champignons, miel, etc.) dans
un contexte le plus autonome possible et en tirant parti de tout ce qui
nous gêne d’habitude pour produire, (par exemple les limaces et les
vers blancs nourrissent les poules et les canards... Le tout est de se
servir de notre curiosité et de notre créativité pour tirer parti de
toutes les situations qui se présentent. Que l’on soit carnivore ou
végétalien, courageux ou fainéant, il y aura autant de techniques et de
stratégies de production adaptées aux besoins spécifiques de chacun.
Deux approches du « jardinage »
La première consiste à
reproduire l’équilibre des écosystèmes sauvages en les remplaçant par
nos plantes comestibles (ex : forêt comestible, légumes perpétuels,
prairie ...). Mais dans ces écosystèmes, les salades, poivrons, choux,
tomates, etc., n’ont pas une grande place et peuvent difficilement
survivre dans la mesure où ces plantes (souvent tropicales) ont subi
depuis des siècles une sélection « non naturelle » qui les a amenées à
une dépendance totale envers les systèmes agricoles humains.
Par exemple, les tomates sauvages (semis
direct) ne sortent pas et quand elles sortent, ne produisent pas ou peu
de fruits, car leur cycle végétatif « tropical » est long, alors que
notre saison chaude est courte ; de plus, les tomates se font facilement
envahir et étouffer par les adventices (mauvaises herbes) qui elles
sont bien adaptées au niveau local ! Par contre, les même graines semées
directement dans un tas de compost exposé sud, auront, du fait de la
chaleur artificielle de la fermentation, un cycle de chaleur plus long,
et leur amour pour le sol riche et les matières en décomposition sera
comblé (mais attention à l’équilibre du carbone sur l’azote, car les
fruits deviennent indigestes quand il y à trop d'azote, et souvent, les
fleurs avortent sans donner de fruits!).
Les salades (semées à la volée dans la
zone ensoleillée (sud) d’une forêt comestible, ne « pomment » pas et
montent en graine le plus vite possible pour augmenter leurs chances de
survie, ce qui revient à manger de la salade 3 semaines par an sous la
forme de laitue. Mais en revanche, on aura une multitude d’adventices
comestibles et de plantes pérennes à manger toute l’année. Donc dans
cette approche, on pourra facilement produire une multitude de produits
alimentaires sans effort, mais certains ne pourront pas être produits.
Par sélection, on peut raccourcir le
cycle végétatif des tomates, mais dans le meilleur des cas, on aura des
tomates très tardives et comme pour les salades sauvages, on ne pourra
les manger que sur une courte période. Il convient donc dans ce contexte
de remplacer ces légumes par d’autres plus sauvages. Ex de salade
sauvage : arroche, baselle, chénopode, pourpier, lampsane, tétragone,
roquette, onagre, clayone, chrysanthème comestible...
La deuxième approche consiste à créer le contexte ou biotope le plus favorable pour nos plantes «symbiotes
ou liées à l’humain» de façon à bénéficier des légumes que l’on préfère
(salades qui pomment, ou tomates en juillet) sans dépenser plus
d’énergie que celle que les légumes peuvent apporter (rentabilité
énergétique). Gagner notre pain, mais pas à la sueur de notre front, ou
du moins en l’économisant. Cette approche est plus basée sur
l’agro-écologie, et le jardinage bio, que sur la forêt sauvage.
(Certains anglais sont très souples sur le mot permaculture et utilisent
les pesticides bios et les engrais bio, qui ne rejoignent pas vraiment
les concepts de recherche d’équilibre et d’autonomie de la
permaculture.)
Dans cette approche, on utilise les
déchets de façon à tirer parti des déséquilibres qu’ils créent dans le
sol, pour pouvoir nourrir les légumes gourmands. On ne cherche pas une
autonomie et une auto fertilisation du sol permanente et stable, mais on
essaie plutôt de tirer parti du cycle du déséquilibre que l’on a
engendré et de son évolution en mettant des plantes de moins en moins
gourmandes. (Par exemple on fait une dizaine de bacs à compost que l’on
remplit et on crée une rotation sur dix ans dans laquelle : on remplit
un bac chaque année ; une fois arrivé au dixième bac on revient au
premier, le tout est de faire des mélanges de compost équilibré en
carbone sur azote C/N) et d’associer les plantes pour éviter les
maladies et insectes.
Dans certains cas, cela peut perturber
les extrémistes de la permaculture sauvage, comme de tailler certains
arbres ou de greffer les plantes sauvages ! Mais chacun fait ce qu’il
croit bon pour lui et avance à son rythme, et on ne peut pas limiter la
permaculture à une vision intégriste ou extrémiste !
L’élevage
Toutes sortes d’animaux peuvent êtres
élevés dans un système permacole, (volailles, ovin, bovin, caprin,
cochon etc..). On peut créer des forêts fruitières pour les volailles et
les cochons, des prairies permanentes bordées d’arbres fourragers pour
les ruminants, qui permettent une production alimentaire tout au long de
l’année. Le tout étant de choisir les plantes les plus adaptées
(résistance, production, étalement) et de ne pas dépasser la limite de
concentration relative aux ressources du lieu et à la voracité des
occupants.
Le jardin forêt
Le « forest gardening » consiste à créer
un « jardin forêt » de plantes comestibles avec une densité rarement
égalée. Le secret est dans l’observation de la nature et de la façon
dont les plantes cohabitent naturellement dans un espace donné. Les
arbres permettent de créer des microclimats, des zones d’ombres, de
l’humus et ainsi de favoriser le développement d’un grand nombre de
plantes et animaux aux besoins divers.
Avec une bonne connaissance des plantes
comestibles les plus utiles dans cette tâche, Robert Hart (Angleterre)
est parvenu à établir des jardins forêts extrêmement productifs en moins
de 4 ans. A l’origine de tout ça, l’objectif était pour lui de produire
un environnement sain et thérapeutique pour lui et son frère handicapé,
et ceci avec le moins d’intervention humaine possible.
Une fois dans le jardin forêt, il ne
reste plus qu’à vous pencher là, lever le bras ici, pour goûter les
délices de dame nature. Le seul entretien est de couvrir le sol en
permanence (technique du mulch) et de tailler ici et là pour permettre à
tout le monde de cohabiter. Pour Robert Hart, il s’agissait de diviser
les plantes qui poussent dans une forêt en autant de catégories
possibles, mais pour simplifier, il parle souvent de 7 catégories en
particulier, les sept étages de culture. En tenant compte des besoins et
spécificités de chaque plante que l’on souhaite voir pousser dans notre
jardin, il est possible de créer un espace aussi diversifié que stable
(une des corrélations bien connue des permaculteurs) et dont la
production en terme de nourriture, plantes médicinales et aromatiques
est autrement plus intensive que bien d’autres techniques
conventionnelles.
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